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L ergonomie, une réponse aux industriels de la filière Cuir

Publié dans Innovation Recherche & Développement le 01/06/2017 par Jérôme Darragon, Marine Devise, Nicolas Théveniau
C’est au sein d’un groupe de travail -Ergonomie-, regroupant la plupart des maroquiniers français, que cet équipement a été conçu. Il a été réalisé par CTC sur la base d'une idée de SIS, puis évalué dans une dizaine d’établissements différents que ce soit sur des postes de piquage, de coloration des tranches ou d’encollage. Cet équipement répond à un besoin de plus en plus crucial dans nos métiers à savoir alléger les efforts réalisés par les opérateurs pour maintenir le savoir-faire de l’entreprise et éviter les conséquences organisationnelles et financières consécutives à l’apparition des TMS. Il est commercialisé par la société ACM depuis le début de l’année.

Objectifs du groupe de travail «ergonomie» et interêt de l’équipement


Les postes de travail prioritaires identifi és par le groupe de travail pour mener des actions correctives sont les machines à coudre (pilier et canon), le martelage et le retournage de sac.
Les postures identifi ées comme étant les plus traumatisantes sont les prises digitales (pincement des doigts) et l’élévation du coude, qui impactent respectivement le poignet (canal carpien) et l’épaule (coiffe des rotateurs). Les moyens préventifs pour palier ces traumatismes sont nombreux :

  • exercice, réveil musculaire (échauff ement, étirement) ;
  • suivi kinésithérapique, ostéopathique, Tai Chi, etc. ;
  • formation des jeunes entrants (bonnes postures, etc.) ;
  • guide référentiel métier ;
  • polyvalence ;
  • amélioration ergonomique du poste (siège ergonomique support de bras, etc.).

La priorité a été donnée aux postes de travail où les opérateurs maintiennent leurs coudes en l’air pendant un temps signifi catif. C’est le cas principalement sur les postes d’assemblages fi naux du sac sur des machines à coudre canon ou pilier.
Il a également été décidé de vérifi er l’effi cacité de cet équipement en réalisant des mesures biomécaniques d’activité musculaire (EMG). En eff et il est important d’avoir des informations objectives pour, à la fois, rassurer les opérateurs et les services RH, mais aussi pour pouvoir justifi er les investissements auprès notamment de la CARSAT. C’est donc le service biomécanique de CTC qui s’est chargé de ces mesures et de leurs exploitations .


Description de l’équipement


Depuis de nombreuses années CTC recherche des solutions du commerce permettant de soutenir les bras des opérateurs tout en leur laissant une grande liberté de mouvement.
Le dernier système testé par CTC peut répondre à certains besoins mais l’amplitude des mouvements qu’il autorise et surtout son prix de vente ont fortement limité sa diff usion dans nos professions.
La décision a donc été prise de concevoir un système répondant précisément aux besoins spécifi ques de nos métiers :

  • rapidité de réglage de la force de soutien et de l’installation
  • de l’opérateur à son poste de travail ;
  • fluidité et amplitude des mouvements suffi santes (50 cm dans toutes les directions) ;
  • simplicité de la mise en place de l’équipement sur la machine (sans perçage et sans outillage) ;
  • prix de revient raisonnable (<2000 €).

La société SIS avait déjà développé une potence équipée d’un équilibreur à câble auquel étaient accrochées des lanières en cuirs permettant de glisser ses bras à l’intérieur. Cet équilibreur avait pour inconvénient d’être difficile à régler et de ne pas permettre une résolution de réglage suffi sante.
En eff et il est apparu qu’une diff érence d'une dizaine de grammes seulement était perceptible par une piqueuse L’équilibreur a donc été remplacé par un tendeur de 3 mètres de long coulissant dans une série de poulies fixées à la potence. Une gouttière est accrochée à une extrémité tandis que l’autre extrémité est fi xée à un coulisseau ou à une goupille que l’on déplace le long du mât pour faire varier la force de soutien (voir 1). Les réglages des deux bras sont bien sûr indépendants.
Un réglet d'un mètre de long permet à l’opérateur de repérer facilement la position de réglage de chacun de ses bras. Les réglages ne sont pas forcément identiques entre les deux bras, ils dépendent de la morphologie de l’opérateur, de la hauteur du coude mais aussi du poids de l’article manipulé.
Le maintien du bras de l’opérateur a été un sujet particulièrement délicat à étudier. Le support doit empêcher le bras de glisser, être rapide à enfi ler et il ne doit pas être désagréable à porter.
Deux types de supports sont proposés (voir 2) :

  • deux lanières en cuir positionnées de chaque côté du coude ;
  • une gouttière thermo formée utilisée seule ou associée soit à une bande velcro, soit à une lanière placée au-dessus du coude.

La fixation du mât sur la machine ou sur l’établi se fait très simplement par pincement entre deux plaques, le serrage est assuré par deux molettes qui se serrent à la main (voir 3) .

Description de l'équipement


Tests industriels


Ce matériel a été testé en maroquinerie sur des machines à coudre (canon ou pilier) et sur des postes de coloration des tranches manuels, mais aussi en chaussure sur un poste d'encollage au pinceau (poste debout) et sur une machine d'ébavurage de semelles en sortie d'injection.
Généralement ce sont des personnes ayant déjà des douleurs aux coudes ou aux épaules qui se sont portées volontaires pour tester l’effi cacité de la potence. Les principaux retours sont les suivants :

  • Un soulagement est ressenti très rapidement après une dizaine de minutes d’utilisation. A la fi n d’une journée de travail, la douleur, qui auparavant persistait, peut même disparaitre totalement.
  • La productivité est améliorée : des tâches jugées traumatisantes peuvent, avec l'aide de la potence, être exécutées pendant plus longtemps.
  • Les mouvements sont fluides et ils sont suffi samment amples pour accéder aux zones de stockage et au volant de la machine. Si besoin, l’opérateur peut même ramasser une pièce tombée à terre sans retirer les supports.
  • Le réglage de la tension du sandow doit se faire progressivement afi n que l’opérateur ait toujours besoin de faire un léger eff ort pour lever son bras.
  • Le temps d’accoutumance est variable (une heure au maximum). Il faut surtout que l’opérateur soit suffi samment relaché pour se laisser "supporter". Il peut alors complètement oublier l’assistance.
  • Cet équipement peut faciliter un retour suite à un arrêt de travail.

Même si les temps de mise en place des supports et de réglage des tendeurs sont rapides (une à deux minutes), ils peuvent être un frein lorsque l’opérateur reste moins de cinq minutes à son poste (cas des polyvalences). À noter que le problème est similaire avec les sièges ergonomiques qui ne sont pas toujours réglés correctement.
Le regard des autres peut poser problème à certains opérateurs. Néanmoins tous ceux qui ont accepté d'utiliser la potence ne se sont pas du tout sentis stigmatisés. La peur du changement et de ne pas pouvoir travailler librement peut aussi retenir certains opérateurs. 


Conclusion


À ce jour une douzaine de potences a été vendue non seulement à des maroquiniers mais aussi à des fabricants de chaussures. Pour information CTC peut prêter cet équipement à toutes les entreprises membres qui en font la demande, la durée du prêt est de 1 à 2 mois.
D’autres mesures biomécaniques seront réalisées auprès des industriels afi n de conforter l’effi cacité de cet équipement sur un panel plus important.
D’autre part une prochaine étude vient de commencer. Elle concerne l’utilisation d’un gant d’assistance au pincement, nous ne manquerons pas de vous tenir informés des résultats.

Un brevet commun CTC/SIS a été déposé le 15 février 2017 sous le numéro 17/51226

 

Pour plus d'informations, contactez-nous !

 

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