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Couleur et colorimétrie dans le cuir - Partie 2

Publié dans Innovation Recherche & Développement le 01/02/2018 par Lionel Lautesse & Marie Avesque
Dans le cadre de la Commission technique tannerie mégisserie de CTC, un groupe de travail a été constitué pour évaluer l’intérêt de la prise en compte de la mesure de la couleur pour la fabrication du cuir. En effet, les exigences couleurs seraient de plus en plus strictes et les délais de mise au point de plus en plus courts, avec des collections en perpétuelle évolution. L’évaluation à l’œil ne suffit pas toujours et les spectrocolorimètres se multiplient dans les entreprises. L’utilisation de tels équipements requiert certaines précautions. Utilisée depuis de nombreuses années en peinture et en textile, la mesure de couleur sur cuir souffre d’un manque de recommandations pratiques. Ce projet vise à identifier les méthodes de mesure les plus représentatives de l’acceptation visuelle des coloristes.

DESCRIPTION DE L’ÉTUDE COLORIMÉTRIQUE


Lors un article précédent, nous avons exposé les principales notions de base concernant la couleur et la colorimétrie. Constatant que la perception humaine de la couleur est influencée par de nombreux facteurs tels que l’âge, le sexe, l’expérience couleur, l’humeur ou encore l’environnement d’observation, le spectrocolorimètrie apparaît comme le système répondant aux attentes de la profession. Ces appareils ne sont pas influencés par l’extérieur, ils possèdent un environnement neutre avec une source normalisée. Certains modèles peuvent même avoir des aides à la formulation.

Fabrication des finissages

Fabrication des finissages

Pour mener à bien ce projet, CTC a fabriqué des cuirs avec des variations de brillance (brillant ou mat), d’aspect (grainé ou non) et d’écarts de couleur plus ou moins importants. Au total, 48 cuirs et 48 masters associés ont été fabriqués. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Test visuel en cabine lumière (D65) 

Test visuel en cabine lumière (D65)

30 personnes ont répondu à un questionnaire sur les échantillons et masters cuir fabriqués. Les cotations proposées permettaient de noter les différences de couleur perçues.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mesures au spectrocolorimètre

Mesures au spectrocolorimètre

La variation du spéculaire (inclus/exclus), de l'ouverture du spectrocolorimètre (30 mm/9mm) et de la variable de clarté noté l (ou kL) des équations colorimétriques ont donné les écarts couleurs de chaque cuir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Colorimétrie du cuir : Résultats de l'étude


Les résultats du test visuel ont montré que, sur les 48 échantillons de cuirs, 39 ont été acceptés visuellement et 9 refusés de par une différence de couleur. Globalement, le panel de personnes a été moins sensible aux écarts pour les couleurs vertes, puis jaunes, puis rouges, puis bleues. Les résultats ont également montré que les femmes étaient légèrement plus sensibles aux différences de couleurs que les hommes.
En ce qui concerne les mesures des cuirs au spectrocolorimètre, la comparaison avec les résultats du test visuel a permis de mettre en évidence plusieurs réglages en fonction des cuirs utilisés : 

  • la vision humaine se rapproche majoritairement du réglage en spéculaire inclus des appareils quel que soit le cuir utilisé. En effet, lorsque l’on regarde un objet, la lumière a deux effets sur le support : la réflexion diffuse (flèches oranges) et la réflexion spéculaire (flèche rouge). Ce rayon spéculaire est réfléchi à l’angle opposé de la lumière incidente par rapport au support. Pour l’observation de supports brillants comme les crocodiles lissés, la réflexion spéculaire est très marquée et entraîne une modification de la couleur perçue. Dans ce cas, le réglage en spéculaire exclus est vraiment à bannir ;
  • l’ouverture du spectrocolorimètre n’a pas d’influence sur la mesure des cuirs, qu’ils soient grainés1 ou satinés. Concernant les cuirs de crocodile, il est cependant préférable d’utiliser une petite ouverture et de mesurer au centre-écaille ;
  • en colorimétrie, il existe trois équations d’acceptabilité (∆Ecmc, ∆E00, ∆E94) permettant de donner un écart entre un master et un échantillon en tenant compte de la perception humaine. Chacune de ces équations possède obligatoirement deux variables : la variable de clarté (notée l ou kL) et celle de saturation (noté c ou kC). Seuls ∆E00 et ∆E94 possèdent en plus une troisième variable, qui est la variable de teinte (notée h ou kH). Au regard des 48 échantillons/masters fabriqués à CTC, aucune réelle différence entre ces équations n’a été notée. La tendance est toutefois d’utiliser ∆Ecmc ;
  • la variable de clarté, notée l ou kL, des équations colorimétriques a permis de comprendre qu’elle dépendait de la brillance du cuir. C’est-à-dire que pour un cuir mat, il faut régler l (ou kL) = 2 alors que pour un cuir semi-brillant2, il faut l (ou kL) = 1. Ce résultat montre que pour un cuir mat, l’œil est plus sensible aux différences de saturation et de teinte, que de clarté. 

Enfin, l’étude a mis en évidence que le spectrocolorimètre détecte les différences de couleurs avec plus de précision, notamment sur des échantillons ayant des différences non perceptibles à l’œil nu ou pour des problèmes de métamérie3. Contrairement à l’œil humain, le spectrocolorimètre n’est pas influencé par les aléas extérieurs et possède un environnement neutre, normalisé et intégré.

 

Etude "colorimétrie cuir" : conclusion et perspectives


L'analyse comparative de la perception visuelle et des mesures réalisées par spectrocolorimètrie ont permis d'identifier les réglages du spectrocolorimètre qui se rapprochent au mieux de l'œil humain :

  • régler le spectrocolorimètre avec un spéculaire inclus ;
  • régler son cœfficient de clarté (l en ∆ECMC) selon que le cuir est brillant/mat : l=2 si mat et l=1 si semi-brillant.

Par ailleurs, il convient de prendre en compte les attentes des clients. En colorimétrie, cela consiste à adapter les ellipses de tolérance des équations colorimétriques en fonction du client.
Certaines questions restent en suspens :

  • la mesure des couleurs des cuirs double ton ;
  • la mesure des cuirs exotiques ;
  • la mesure de la couleur avant finissage.

 

BONNES PRATIQUES EN CABINE LUMIÈRE

Bonnes pratiques en cabine lumière

 

 

 

 

Pour répondre aux exigences couleurs des clients, le contrôle en cabine lumière doit suivre certaines règles de bonnes pratiques pour minimiser la subjectivité de ce contrôle : 

  • fond uniforme gris ;
  • aucun encombrement dans la cabine lumière ;
  • environnement propre et neutre ;
  • éviter les lumières parasites ;
  • comparer des échantillons de même taille.

 

 

 

 

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