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EPI : propriétés d’anti-perforation, normes et réglementations

Publié dans EPI le 05/07/2018 par Docteur Jean-Claude Cannot
À la fin des années 2000, plusieurs signalements de problèmes amènent le comité technique de normalisation CEN/TC 161 (Protecteurs du pied et de la jambe) à réviser la norme EN 12568 qui définit les méthodes d’essais et les exigences pour les embouts et les inserts anti-perforation. Pour les inserts anti-perforation métalliques, des contrôles dans les stocks ou sur des chaussures en cours d’utilisation révèlent une forte corrosion du composant ; dans des cas extrêmes, on note même la disparition totale du métal. Pour les inserts anti-perforation non métalliques, des utilisateurs se plaignent d’une protection trop limitée.

Depuis le début des années 2000, de nouveaux matériaux textiles sont apparus sur le marché, plus légers que le métal, plus flexibles, faciles à incorporer à la chaussure. Ils permettent d’améliorer le confort et d’augmenter le port des EPI (équipements de protection individuelle) au poste de travail. Ces nouveaux composites sont difficiles à évaluer car les normes ont été conçues pour des matériaux métalliques.
Pour s’assurer de la conformité de ces nouveaux matériaux aux exigences essentielles de la directive 89/688/CEE, les organismes notifiés ont donc adapté la méthode de l’EN 12568 :1999 à plusieurs reprises, par l’intermédiaire de leur coordination (VG10).

 

Test EPI, résultats sur les nouveaux matériaux

Après un travail de fond, en 2010, la nouvelle norme EN 12568 est publiée ; 
elle inclut :

  • pour les inserts métalliques, l’essai d’évaluation est modifié. Désormais, seuls les matériaux résistants à la corrosion deviennent utilisables (aciers, aluminium, etc.) ;
  • pour les inserts non-métalliques, une nouvelle méthode d’essai est développée en s’appuyant sur l’expérience accumulée par les organismes notifiés. Positionné sur un dynamomètre, l’insert est perforé par une pointe (diamètre 4,5 mm, forme conique) jusqu’à une force de 1100 N, puis cette force est maintenue 10 secondes. On observe alors si la pointe a entièrement traversé l’insert et on note son dépassement en millimètres. Seuls les inserts arrêtant la pointe (mesure à 0 mm) sont considérés comme acceptables.

 

Les normes EPI progressent...

En 2011, la série de normes EN ISO 20344, 20345, 20346 et 20347 a été révisée, pour inclure les modifications apportées à la norme EN 12568 : 2010.
Cette révision permet d’améliorer la sécurité des chaussures EPI. Par conséquent, seules ces nouvelles normes donnent désormais présomption de conformité à la directive. Les chaussures (incluant des inserts anti-perforation) déjà présentes sur le marché doivent être réévaluées pour vérifier qu’elles sont conformes aux nouvelles exigences. Le vaste travail de révision est réalisé par les fabricants et les organismes notifiés. Dès 2013, le marché enregistre une évolution favorable, le nombre de réclamations clients liées aux inserts métalliques et non-métalliques baisse fortement et il continuera à s’améliorer dans les années qui suivent (voir (1)). 

 (1) - Évaluation du nombre d'accidents du travail
 
Accident 
Concernant
 
2010 2011 2012 2013 2014
France La jambe et le pied 164113 163338 154900    
Espagne Le pied après contact
avec un objet coupant
  516 423 412 372
Le pied après contact
avec un objet pointu
  497 370 366 305

 

L'objection allemande sur les normes anti-perforation


Cette situation semble idyllique mais un événement imprévu vient perturber cet équilibre. Alertées par des réclamations clients en 2008, les autorités allemandes décident de lancer une étude de 2009 à 2010 sur la résistance à la perforation des chaussures. Ce travail est confié au laboratoire du Land Hessen. Les résultats publiés en décembre 2010 montrent une protection insuffisante.
Ce rapport est repris et discuté en remontant les différentes étapes administratives allemandes, ce qui conduit le ministère du Travail allemand, fin 2013, à informer les autorités européennes de leur proposition d’objection formelle sur la série de normes EN ISO 20345 à 20347 pour les propriétés d’anti-perforation.

À ce stade, il convient d’insister sur le caractère ubuesque de l’objection formelle, qui s’appuie sur des produits certifiés avec un ancien référentiel. En effet, à la date de contestation allemande en 2014, la série de normes a changé depuis 2011 et de nouvelles chaussures sont déjà sur le marché mais elles ne seront pas testées.

Le marquage CE mis à mal

Présentée en séance à Bruxelles, le 18 septembre 2014, au cours d’une réunion du PPE WG (instance en charge de la directive 89/686/CEE), cette objection formelle allemande, soutenue par la France, le Danemark et les Pays Bas, n’est pas acceptée mais le CEN/TC 161 est mis en demeure d’améliorer son évaluation des propriétés d’anti-perforation.

Même si la base technique de l’objection formelle est discutable, la situation devient vite critique. Si une objection formelle est acceptée, cela implique que la norme concernée ne donne plus présomption de conformité à la directive. Donc les organismes notifiés se voient retirer leur outil commun d’évaluation.
On peut alors imaginer des distorsions d’évaluation d’un laboratoire à l’autre, une remise en cause du marché unique et donc une perte de crédibilité du marquage CE en général. Devant le risque de crise grave, le CEN/TC 161 décide donc très rapidement de lancer des travaux pour améliorer ses normes en prenant en compte les remarques émises par l’Allemagne.

 

Nouveaux travaux de normalisation


Dès le début des travaux, il est décidé de ne pas revenir sur la méthode d’essai et l’exigence concernant les inserts métalliques, le marché n’ayant fait remonter aucune réclamation. La série EN ISO 20345, 20346 et 20347 définit les exigences pour les chaussures en s’appuyant sur la méthode d’essai donnée dans l’EN 12568 ; c’est ce texte qui doit être révisé en premier.

Seuls les inserts non-métalliques sont revus en prenant en compte les propositions allemandes :

  • la pointe de perforation doit être modifiée (diamètre 3 mm, forme pyramidale) ;
  • uniformisation des exigences pour les deux types d’inserts (métallique et non-métallique) ;
  • amélioration de la sécurité du porteur.

De 2014 à 2017, un groupe animé par CTC, comprenant sept fabricants d’inserts, huit organismes notifiés et trois fabricants de chaussures, développe la nouvelle méthode et réalise sept essais interlaboratoires (un record pour ce type de travail). Ce temps permet aux fabricants d’inserts de développer leurs nouveaux matériaux. Fin 2016, un compromis est trouvé :

  • méthode d’essai : positionné sur un dynamomètre, l’insert est perforé par une pointe (diamètre 3 mm, forme pyramidale), la force maximale de perforation est enregistrée (voir (2) et (3)) ;
  • exigence : la force maximale de perforation doit être supérieure à 1100 N (identique à l’exigence inserts métalliques).

 

Nouvelle pointe d’essai utilisée pour l’essai de résistance à la perforation

Plus d'information sur les EPI et le marquage CE, Cliquez ici

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